On a grimpé sur la glace !
Comme chaque hiver, a eu lieu un rassemblement des clubs FSGT d'escalade et de montagne, avec pour objectif : initier les stagiaires à la cascade de glace et les amener vers l'autonomie dans cette pratique. 9apic était représenté par deux insouciantes grimpeuses du club, récit...
Tout a commencé avec une bière de trop, un soir, dans la douceur du début d'automne. La grimpe sur un glaçon ça à l'air trooop cooooooool ! Remonter une cascade en taillant la glace à coups de crampons et de piolets… allez hop on s'inscrit !! Et nous avons eu raison !
On oublie un peu tout ça, et un beau jour, ça y est, notre inscription est validée (il y a plus de demandes que de places chaque année), la machine est lancée, il n'y a plus qu'à !
Réunion de préparation : "si vous pouvez faire quelques tractions d'ici là c'est pas plus mal." "préparez les mollets aussi, avec les crampons vous aurez mal aux mollets". "Et vous aurez froid, très froid, prenez du chaud."
Bien, on se prépare, on s'amuse dans les gros dévers, on échange 300 mails avec le reste de l'équipe (quand 20 personnes qui ne se connaissent pas préparent un WE par mails, c'est compliqué !), bref on est fin prêts. Enfin, c'est ce qu'on croit.
Hop, direction les Vigneaux, dans le Parc des Ecrins, impatientes et insouciantes… avec juste une légère appréhension quand on voit le thermomètre descendre à -14°C en approchant du gîte.
1er jour, la découverte :
Répartition du matériel (ça marche comment un ARVA ?), petite marche d'approche, ça y est : on est au pied de la cascade !! Où plutôt des cascades : on est sur un site parfait pour débuter, où une dizaine de cascades s'alignent, toutes plus belles les unes que les autres. Et en plus il fait grand soleil ! Ah oui, mais en fait c'est de l'autre côté de la vallée qu'il fait beau, ici on sera à l'ombre toute la journée. Le soleil fait fondre les cascades, qu'on nous explique. Soit, mais nous par contre on va geler, à l'ombre...
Tant pis, on va grimper pour se réchauffer, vite, ça à l'air cooool ! Les moulinettes sont déjà installées, ils sont pas sympas nos encadrants ? On se lance, le cœur qui bat un peu, c'est bizarre de grimper avec tous ces instruments étranges aux pieds et aux mains. 5 m : c'est troooop cooooool, 6 m : euh, j'ai mal au bras là, 7 m : c'est normal de plus pouvoir tenir les piolets ? 8 m : prends moi seeeeeec ! Bon, il faudra affiner la technique : apprendre à utiliser un minimum les pieds et surtout essayer de relâcher les bras sur la poignée du piolet, car le mode "je serre mes piolets comme un bourrin et je grimpe sans pause" à visiblement des limites. C'était bien la peine de faire des tractions !
A côté des cascades, est aussi équipée une voie de dry : ça se passe sur du rocher, mais avec nos amis les piolets et crampons. Ca ressemble beaucoup à la cascade, mais en pire. Eh oui, les crampons sur le rocher, c’est beaucoup moins précis que la gomme, et ça ne s’ancre pas comme dans la glace ! quant aux piolets, le truc génial c’est qu’ils donnent beaucoup d’allonge – on a l’impression de mesurer 2m ! – par contre on ne voit pas trop où on les pose, et ils ont une fâcheuse tendance à zipper sans prévenir : un peu comme les crampons.
A la fin de la journée, on se sent quand même déjà plus à l'aise, c'est bon signe !
2ème jour, les choses sérieuses commencent :
On se lance dans Capitaine Courageux, une cascade de 200m, toutes les 2 en flèche avec notre encadrant. La cascade d'à côté s'appelle les épées de Damoclès, en l'honneur des énormes stalactites qui la surplombent et qui peuvent se décrocher à chaque instant, ambiance...
L'ascension se déroule efficacement : les premières longueurs, plutôt faciles, s’enchaînent bien. Le vallon est vraiment beau, et semble tellement isolé ! La dernière longueur est très différente des précédentes : splendide et impressionnante, toute sculptée avec ses pétales de glace, ses sortes de choux-fleurs ou méduses de stalactites collées entre elles… mais elle est aussi plus difficile ! Cependant notre encadrant se débrouille parfaitement. Visiblement le reste de l'équipe n'en était pas si sûr vu les appels radio qu'on reçoit : si si, rassurez vous, tout va bien ! On le rejoint en haut, avec plus ou moins de facilité et de peur (d'un coup, ça semble tellement aérien !!). Et on redescend le tout en rappel, juste avant la nuit… il fait frisquet, mine de rien, lorsque le soleil se couche et qu’on cesse de grimper. La marche du retour se fera à la frontale sous les étoiles, magique !
3ème jour, ça se complique :
On part à 3 cordées de 3, après une bonne heure de route, et juste sous 2 autres cordées de 3 un peu plus matinales, visiblement aussi débutantes que nous... Bref, on part tard et on est lents.
On précis à nos encadrants qu’on ne veut pas de rappels à la nuit, mais ça tombe bien, le topo indique une redescente à pieds. La cascade visée fait 7 longueurs (300m), avec des murs de glace entrecoupés de pentes de neige, qui nous ralentissent encore d'avantage…
Du coup, on essaye d’enchaîner le plus efficacement possible les longueurs, en grimpant parfois en parallèle. Ce qui détache d’autant plus de glaçons pour canarder ceux qui attendent dessous : faut faire gaffe, ça peut faire des dégâts un glaçon qui tombe de 10 ou 20 m de haut ! Rapidement, une lèvre est en sang, puis un nez, seuls nos encadrants sont touchés : mais ce n'est pas ça qui va les arrêter, ils semblent presque fiers de leurs blessures de guerre !
On continue, vite vite, on arrive en haut de la cascade juste au moment où il fait suffisamment sombre pour qu'on sorte les frontales. Ça n'est pas un problème, il suffit maintenant de trouver le chemin qui nous ramènera au pied de la cascade. Sauf que, la neige étant tombée en abondance la semaine précédente, la piste n'est pas tracée... Après une bonne demi-heure de recherche, une seule solution s'offre à nous : la redescente en rappel.... à 9 personnes, sur 7 longueurs, avec des pentes de neiges plus longues que nos cordes, à la frontale, par un froid polaire et après une journée de grimpe dans les pattes : pas vraiment optimal comme conditions ! Mais tout le monde réagit vite et bien, et on comprend pourquoi il était requis d’être autonome en manips de grandes voies pour pouvoir s’inscrire au stage. Nos encadrants nous filent leurs doudounes en rab, nous installent le plus efficacement possible les cordes de rappel, les mains courantes, on s'arrache les cheveux sur un énorme tas de spaghettis de cordes à 2 longueurs de la fin (sinon ça aurait été trop facile !),... et à 23h, nous voilà finalement au pied de la cascade. Un petit coup de génépi pour se remettre, un coup de fil aux copains du rassemblement qui se font un sang d'encre, et voilà un week-end qui se finit en beauté !
L'objectif de ce week-end était de se lancer en tête sur la glace. Finalement, les choses en ont décidé autrement, ni l'une ni l'autre n'avons senti le bon moment pour nous lancer.
Mais peut-être n'est-ce que partie remise, il paraît qu'un week-end progression se prépare l'année prochaine... Qui a dit plus jamais ?!